L'hybridation des tomates

 
  • L'hybridation permet d'obtenir des plants dont la vigueur et la production sont intéressantes. En effet, les hybrides (hétérozygotes) présentent souvent une vigueur supérieure.
  • L'hybridation consiste donc à croiser deux variétés pour commercialiser les graines hybrides qui donneront des plants hybrides (hybrides F1) avec les qualités requises.
  • Mais ces plants produisent des graines (même par autofécondation) qui ne reproduisent pas les caractères de l'hybride. Il est donc impossible de les replanter d'année en année. Il faut se procurer de nouvelles graines hybrides obtenues par le processus d'hybridation, donc les racheter !
   
Il existe des cas d'hybridation naturelle chez la tomate : voir ICI (pollinisation et risque d'hybridation)
   

Comment créer un hybride de tomate au jardin ?
 

Une video (en Anglais) pour illustrer la méthode de fécondation croisée des tomates

 

 
Principale étape de l'hybridation artificielle chez la tomate :  
Sélectionnez vos deux variétés parentes
Choisissez en fonction des caractères que vous espérez croiser. Par exemple une forme de coeur avec une tomate au goût ou à la couleur que vous appréciez...
 
     
Evitez l'autopollinisation

Pour éviter que le pollen de la fleur ne féconde la pistil de la même fleur, il faut ôter les étamines avant que le pollen ne soit mûr.

Pour cela, il faut couper les étamines. La fleur doit être encore en bouton, non ouverte. A l'aide d'une pince on enlève le tube constitué par les pétales pas encore ouverts et les étamines soudées. Ce double tube doit être retiré délicatement et entièrement. Il doit rester sur la fleur la ouronne de sépales verts et le pistil à nu. Il ne faut évidemment pas abîmer le pistil.

 
     
Effectuez la pollinisation croisée
Il faut maintenant déposer sur le pistil le pollen provenant de l'autre variété. Prélevez ce pollen à l'aide d'un pinceau. Déposez le sur le stigmate du pistil de la fleur précédemment castrée.
 
     
Evitez toute pollinisation extérieure
Protéger la fleur de toute autre source de pollen en l'enfermant dans un sachet.
 
     
Récoltez vos graines
 
     
Voila, vous avez des graines F1 maison.
Si vous les semez, vous aurez des plants tous identiques hybrides F1, présentant une association des caractères parentaux. Mais vous ne pouvez pas prévoir quelle sera cette association de caractères. Il faudra de nombreux essais pour arriver à créer un hybride satisfaisant...
 
     
Suivez ce lien pour une autre vidéo de croisement chez la tomate (et la pomme de terre), toujours en anglais :
http://www.youtube.com/wiscplantbreeding#p/a/u/1/SQddcAiGBhE
 
 

Expériences d’hybridation (exemple)

Le but de cette manipulation est d’obtenir des grosses tomates charnues, mais qui se conservent longtemps pour être transportées et commercialisées.

Croisement Interprétation génétique

On réalise un croisement entre deux variétés de tomates qui existent dans la nature : une variété à gros fruits et maturation rapide et une variété à petits fruits et maturation inhibée. Le résultat de ce croisement donne une première génération de plants de tomates petites et mûrissant lentement.

Interprétation génétique : la génération obtenue est homogène ce qui veut dire que les parents ne possèdent chacun qu’une seule version de chaque gène responsable des deux caractères recherchés : la grosseur du fruit et la vitesse de maturation. Comme les fruits de cette première génération sont petits, le caractère petit est dominant sur le caractère gros. Comme la maturation de ces fruits est ralentie (soit intermédiaire entre rapide et inhibée), il y a codominance des deux caractères pour former le caractère maturation ralentie.

Les gènes possédés par le parent à gros fruits et maturation rapide sont :

  • Deux versions g du gène de la grosseur des fruits, noté (g/g)
  • Deux versions rin+ du gène de la maturation des fruits, noté (rin+/rin+). On note (g/g, rin+/rin+)

Les gènes possédés par le parent à petits fruits et maturation inhibée sont :

  • Deux versions g+ du gène de la grosseur des fruits, noté (g+/g+)
  • Deux versions rin du gène de la maturation des fruits, noté (rin/rin). On note (g+/g+, rin/rin)

 Les gènes possédés par les plants de tomate de première génération sont donc :

  • Une version g et une version g+ du gène de la grosseur des fruits, noté (g+/g)
  • Une version rin et une version rin+ du gène de la maturation des fruits, noté (rin+/rin)

Ces plants de tomates sont hybrides pour les deux gènes étudiés.

On réalise alors un second croisement entre les tomates de première génération et des tomates à gros fruits et maturation rapide. Les résultats obtenus en deuxième génération sont :

  • 241 plants de tomates produisant des fruits petits, à maturation ralentie
  • 258 plants de tomates produisant des fruits petits, à maturation rapide
  • 249 plants de tomates produisant des fruits gros, à maturation rapide
  • 243 plants de tomates produisant des fruits gros, à maturation ralentie

Interprétation génétique :

Les gènes possédés par le parent à issu du premier croisement, hybride à petits fruits et maturation lente sont :

  • Une version g et une version g+ du gène de la grosseur des fruits, noté (g+/g)
  • Une version rin et une version rin+ du gène de la maturation des fruits, noté (rin+/rin). On note (g+/g,rin+/rin)

Les gènes possédés par le parent à gros fruits et maturation rapide sont :

  • Deux versions g du gène de la grosseur des fruits, noté (g/g)
  • Deux versions rin+ du gène de la maturation des fruits, noté (rin+/rin+). On note (g/g,rin+/rin+).

 Les gènes possédés par les plants de tomates issus de ce deuxième croisement sont donc :

1 er cas : - une version g+ et une version g du gène G

  • une version rin+ et une version rin du gène RIN. On note (g+/g, rin+/rin). Ces plants produisent des tomates petites à maturation lente. Il y en a 241.

2 ème cas : - une version g+ et une version g du gène G

  • deux versions rin+ du gène RIN. On note (g+/g, rin+/rin+). Ces plants produisent des tomates petites à maturation rapide. Il y en a 258.

3 ème cas : - deux version g du gène G

- deux versions rin+ du gène RIN. On note (g/g, rin+/rin+). Ces plants produisent des tomates grosses à maturation rapide. Il y en a 249.

4 ème cas : - deux version g du gène G

- une version rin+ et une version rin du gène RIN. On note (g/g, rin+/rin). Ces plants produisent des tomates grosses à maturation lente. Il y en a 243.

Les quantités obtenues correspondent statistiquement à des proportions de 25% pour chaque sorte.

 Les plants de tomates intéressants pour le producteur sont ceux du 4 ème cas : elles sont grosses et charnues et murissent lentement pour se conserver. Mais elles ne représentent qu’un quart des graines produites par le croisement précédent, et on ne peut pas les reconnaître. Il faut obtenir un croisement qui donne à coup sur 100% de pieds de tomates de ce type.

On réalise un troisième croisement en croisant entre eux les pieds de tomates à gros fruits et maturation ralentie issus du croisement précédant (4 ème cas). On obtient une troisième génération de plants de tomates :

  • 25% ont des fruits gros et mûrissent vite
  • 50% ont des fruits gros et mûrissent lentement
  • 25% ont des fruits gros et ne mûrissent pas.

Interprétation génétique :

Les gènes possédés par les parents à gros fruits et maturation ralentie sont :

  • Deux versions g du gène de la grosseur des fruits, noté (g/g)
  • Une version rin+ et une version rin du gène RIN. On note (g/g, rin+/rin).

Les gènes possédés par les plants de tomates issus de ce deuxième croisement sont donc :

1 er cas : - Deux versions g du gène de la grosseur des fruits

  • deux versions rin+ du gène RIN. On note (g/g, rin+/rin+). Ces tomates ont de gros fruits et murissent vite. Il y en a 25%.

2 ème cas : - Deux versions g du gène de la grosseur des fruits

  • Une version rin+ et une version rin du gène RIN. On note (g/g, rin+/rin). Ces tomates sont grosse et murissent lentement. Il y en a 50%

3 ème cas : - Deux versions g du gène de la grosseur des fruits

  • deux versions rin du gène RIN. On note (g/g, rin/rin). Ces tomates sont grosses et ne murissent pas. Il y en a 25%. Mais l’intérêt de ces plants, c’est qu’ils sont de race pure (homozygotes). Ainsi leur auto reproduction sur de nombreuses générations donne toujours le même type de tomates, avec les mêmes gènes.

On dispose maintenant de deux parents de race pure que l’on va croiser entre eux pour obtenir des hybrides intéressants.

Quatrième croisement pour obtenir les hybrides commercialisés :

On croise les pieds de tomates produisant les gros fruits qui ne murissent pas (3 ème cas du croisement précédant) avec les tomates à gros fruits qui murissent vite (variété normale du tout premier croisement). On obtient uniquement (100%) des plants de grosses tomates qui murissent lentement. On commercialise les graines issues de ce croisement sous la dénomination d’hybrides F1. Elles produiront donc des tomates grosses à maturation lente, c'est-à-dire qui se conserveront bien.

Interprétation génétique :

Les gènes possédés par le parent à gros fruits et maturation rapide sont :

  • Deux versions g du gène de la grosseur des fruits, noté (g/g)
  • Deux versions rin+ du gène de la maturation des fruits, noté (rin+/rin+). On note (g/g, rin+/rin+)

Les gènes possédés par le parent à gros fruits et à maturation inhibée sont

- Deux versions g du gène de la grosseur des fruits

- Deux versions rin du gène RIN. On note (g/g, rin/rin).

Donc les gènes possédés par les plants de tomates issus de ce croisement sont :

- deux version g du gène G

- une version rin+ et une version rin du gène RIN. On note (g/g, rin+/rin). Ces plants produisent des tomates grosses à maturation lente.

Il n’y a que cette sorte de plants de tomates issue de ce croisement (100%). Il suffit donc de récolter les graines issues de ce croisement pour les commercialiser comme graines hybrides F1 qui donneront à 100% des plants de tomates produisant des gros fruits à maturation ralentie, donc se conservant longtemps, ce qui était le but recherché.

Dernière mise à jour le 8 octobre 2010